19 janvier 2010
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15:31
Il y en a tellement au décours de ces deux années qu'il me faut faire un choix dans mon histoire, dans mes histoires.
L'une des plus marquante est tout de même le jour où l'on s'en est attaqué directement à mes crocs, à ma mandibule inférieure pour être exacte.
8 décembre 1987 à 19 h 45. J'étais invitée à un repas auprès d'un petit restaurant pas cher avec mes collègues de promotion.
Et oui, elles avaient quand-même compris qu'il n'y avait rien à craindre de ma part voire même plutôt le contraire.
Juchée sur ma mobylette, je remontais, tout feu allumé, la rue de l'hôpital, dans le sens autorisé de circulation, direction le restaurant.
Je m'engage devant la sortie de l'hôpital, toujours sur ma route, toujours sur LA route, quand un imbécile, en vélo lui, ne s'arrête pas au stop de la dite sortie de l'hôpital et traverse tout bonnement la rue.
Bref, il n'avait jamais regardé si qui que ce soit arrivait par sa gauche. J'ai eu beau freiner tout ce que pouvait donner la mobylette, le choc fût violent.
Lui n'a rien eu et commençait à râler pour sa roue avant voilée. Moi, j'avais fait un double saut périlleux avant en passant par-dessus mon guidon et j'avais atterri sur le bord du trottoir après avoir rebondi deux fois sur le casque. La mobylette, elle, tournoyait sur le côté et acheva sa route le long du trottoir, tête bêche.
Je ne sentais pas mes pieds et je crachais immédiatement le bout d'émail de la dent brisée sous le choc avant de me l'avaler dans les poumons.
Je n'avais pas de casque intégral et c'est tant mieux car, ce dernier m'aurait coupé la moelle épinière net et je ne serais plus de ce monde.
Comme quoi, ils ne sont pas pressés de me voir ni en haut ni en bas.
Mais le casque partiel ne m'avait pas protégé la mandibule. Lors de l'impact final, ma mandibule heurta la tranche du trottoir amenant ainsi à la dent cassée mais aussi un traumatisme grave de la face.
La partie basse de mon visage commençait à gonfler dangereusement et je commençais à étouffer.
Un couple de la cinquantaine quittait l'hôpital juste derrière le vélo et fût -j'ai eu cette chance- le témoin de l'accident car le fautif raconta plus tard à la police que je venais du sens interdit et sans lumières.
La femme du couple, s'approcha de moi et je lui demandais de m'ouvrir la sangle du casque mais de ne surtout pas essayer de me le retirer. "Fais-le toi, dit-elle à son mari, moi j'peux pas !" Son mari n'en n'avait pas plus envie qu'elle et je sentais l'étouffement gagner du terrain. Il s'exécuta.
Arrive le SAMU. Ils n'ont pas eu beaucoup de trajet à faire...
L'infirmière : "Debout ! "
Moi : "Non, je ne sens pas mes pieds et je n'ai pas bougé exprès ! "
Elle : "Debout je vous dis !" (il faut dire qu'elle n'avait certainement pas envie de faire une "sortie" à un quart d'heure de la débauche).
Moi : "Je ne sens pas mes pieds"
Elle : "Mais ce n'est pas possible ça !" Et elle m'empoigna par dessous les bras et me leva d'un seul homme, bien à la verticale.
J'aurais pu la tuer !!!!!!
J'aurais pu la tuer !!!!!!
Arrivée en salle de déchocage, pas une veine de disponible et un joli 21/10 de tension artérielle, moi qui, le matin même n'en n'avais que 9.
Direction la radiologie pour le bilan des dégâts. Le brancardier me demanda de ne pas en vouloir à l'homme qui m'avait percuté, car, il lui était déjà interdit de conduire du fait de ses "absences". Mais bon sang, on aurait pu lui interdire tout moyen de locomotion hors mis ses pieds !!!!!!
Verdict : mandibule en 3 morceaux. 2 traits de fracture du côté droit, celui de l'impact, et un de compensation du côté gauche.
Le chirurgien maxilo-facial venant de partir pour le week-end, j'ai du attendre le lundi pour me faire opérer. 48 longues heures avec une mâchoire déglinguée qui tangue à chaque mouvement et qui s'étale sur le visage en décubitus dorsal (allongé sur le dos) en faisant scriiiitch dans les oreilles. Génial ! Et en plus j'avais les crocs et je ne pouvais ni manger ni boire -trop douloureux-.
Opérée aux aurores le lundi, je suis éjectée de l'hôpital dès le mardi matin avec un super système de contention de la mandibule. On plante un ensemble de fils de fer dans les deux gencives entre les dents, on fait des petits crochets avec et on relie les crochets du haut avec ceux du bas au moyen d'élastiques.
PAS BOUGER ! Pas bouger pendant deux mois. Bonjour les fêtes de fin d'année...
Heureusement qu'il me manquait une molaire afin de faire passer les liquides pour essayer de me nourrir un peu.
Le retour en cours fût ... La Curiosité, le Monstre de foire mais sans les crocs.
Le médecin diabétologue, (celui qui avait gardé ma grand'mère jusqu'au bout et qui, de ce fait, m'aimait bien) me lança avec le plus grand sourire du monde à défaut de pouvoir rire complètement :
"Et les mauvaises langues diront qu'il lui fallait au moins ça pour qu'elle ferme sa gueule !"
JE REVIENDRAIS !
JE REVIENDRAIS !