Nous venions de déménager de Haguenau pour Strasbourg même. Quartier de l'Elsau, celui de la prison. Un appartement obtenu par notre agence de location après avoir prouvé que nous n'étions pas les B... de la rue des papillons (souvenez-vous l'homonyme) mais surtout car nous envisagions de mettre en route le petit frère. Et pour cela une pièce de plus était nécessaire.
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Nous trouvions un F4 au quatrième et dernier étage d'un ensemble de petits immeubles privés.
Ces immeubles faisaient la transition entre les HLM de plus de 12 étages et une citée pavillonaire.
Ecole à 100 mètres, supérette à 200, jeux extérieurs, bus. Bref, un quartier qui devait être à peu près tranquille mais, pour mon grand malheur : EN VILLE, pire, en périférie. Rapidement je comprenais la raison qui poussèrent, à cette époque, certains à tirer sur les autres au fusil... Et ce n'est pas la prison qui faisait peur à qui que ce soit. Ni le commisariat de police fraîchement ouvert à raison de 4 heures par semaines.... (pouf, pouf...)
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Mais il fallait trouver une nourice.
Je déposais donc des petites affichette sur les portes d'entrée des immeubles.
Un appel, un homme pour son épouse, visiblement inquiet de la véracité de l'annonce. Nous nous déplaçons sur rendez-vous afin de renconter la famille intéressée.
Nous sommes reçus au 8 de la rue. Parfait nous étions au 6.
Une famille d'origine marocaine nous ouvre la porte, nous fait pénétrer dans le salon. Monsieur et les deux fils (17 et 13 ans) nous installent confortablement sur une banquette. Madame et la fille (15 ans) arrivent avec le thé à la menthe et les gateaux arabes.... J'adore ces patisseries sur les zlabiah.
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Le questionnement commence mais je devine la gène de cette famille. Nous sommes en 1994, le FN et ses 33 %, et, ce que je découvrirais plus tard, un méchand regard sur les "rebeux" du quatier.
Je les mets à l'aise rapidement en leur racontant mes aventures avec les familles algériennes connues antérieurement. J'en rajoute en précisant que : vu mes origines espagnoles et l'invasion de l'Espagne par les Maures durant 700 ans, je devais bien avoir du sang arabe quelque part dans mes veines.
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Là dessus, je leur demande la raison pour laquelle ils ne partage pas le thé et les gâteaux avec nous.
Eux : "Mais c'est Ramadam".
Moi : "Mais il fallait le dire... je me serais abstenue de manger devant vous alors que vous allez devoir attendre encore quelques heures".
Eux : " Non surtout pas, vous ne le faites pas et nous vous recevons".
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La discussion se poursuit et l'un dans l'autre ils comprirent les choses suivantes qui leur firent accepter de me garder ma fille :
Je respecte toutes les religions et cela ne me gènera pas que Cécile les voie prier.
J'étais ravie qu'ils parlent en arabe chez eux, cela fera une autre langue pour ma fille.
J'acceptais que Cécile soit surveillée par les enfants de la famille.
Je savais que les filles sont des princesses jusqu'à 7 ans voire 9. Mais je savais aussi qu'elle aurait un bon enseignement sur d'autres façons de vivre, de fonctionner et de respect.
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Je passais ensuite aux considérations financières de l'affaire dont ils ne voulaient pas parler tout de suite. Mais j'ai tenu ferme car je pars du principe que les bons comptes font les bons amis.
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J'oubliais.... mon mari était présent.... oui il y était.... physiquement du moins.
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Deux pubs mais j'adore...
La première : un histoire de bébé
La seconde : Juste pour rire... n'est-il pas messieurs ???