Cette classe de terminale a été le départ de toute une vie.
Le cinquième point qui restait à aborder était : les bals. En effet, autrefois, ce pensionnat avait pour but d'accueillir les orphelines de l'amée de l'air, de les instruire et de les préparer à leur future vie de femme et d'épouse. C'est pour cela que, en plus des cours traditionnels de l'accadémie s'ajoutaient ceux de cuisine et de couture. C'est là que j'ai appris à coudre. Je savais déjà broder mais pas coudre. Cela m'a énormément servi plus tard. Je voulais présenter cette option au bac, comme pouvaient le faire mes camarades des autres classes de terminales, mais nous, les F8 : non ! Pour nous c'était sténo.
Donc, une fois formées en "bonnes futures femmes d'officiers", il fallait nous caser. Pour cela, des bals étaient organisés auprès d'autres écoles militaitres d'hommes. Bien sûr, en 1988, nous y allions par tradition et non pour nous trouver un mari. Mais, il faut avouer, que antérieurement, pour les plus anciennes d'Echouoboulains, c'était une opportunité à saisir.
Alors, nous avions une robe blanche "forme princesse", avec une grande fermeture éclair dans le dos, le baudrier (beu ciel et blanc) en travers par dessus,l'insigne épinglé à gauche au dessus de la poitrine, les chaussures escarpins blancs avec petit talon et la pochette de bal argentée avec sangle en chaine argentée elle aussi.
Nous nous rendions sur les lieux du bal, en bus de l'armée (les kaki), accompagnées d'une surveillante et nous étions chargées de différentes actions à mener à bien. En général, tout commençait l'après-midi, genre portes ouvertes, où nous devions vendre des programmes de la soirée ou des billets de tombola. (c'est là qu'un haut gradé m'a dit que je serais très bien dans la vente car je savais faire la promo du produit. Lui, décidé à ne rien acheter, a pris 10 tickets : j'étais fière de moi).
Puis, nous étions installées à table, une par table, où nous n'étions pas invitées, pour faire la conversation avec les convives et éventuellement trouver un époux. (une collègue de l'année précédente s'était mariée de cette façon : je me suis retrouvée à la table à côté de la sienne). Nous étions en rivalité avec les filles de la Légion d'Honneur qui, avec leur affreuse jupe plissée noire jusqu'aux pieds, leur chemisier blanc moche, leur baudrier bariolé (ce qui avait la signification de leur position de terminale) et leurs chaussures sabot noires qui étaient là, elles aussi pour les mêmes raisons que nous.
L'exemple parfait fût le bal de Saint Cyr. Après la vente des programmes, je fus installée auprès d'une table ronde de 10 personnes. Ces gens venaient à 10 et avaient réservé leurs couverts. On a donc installé un couvert supplémentaire. Une des épouses de Saint Cyrien commençat à râler de ma présence. Son mari, certainement informé de ma situation, lui expliquât ma présence, et que je n'étais pas là pour les enquiquiner. Elle gromela et subit ma présence durant tout le repas. Comme je suis extrèmement bavarde et informée, j'ai soutenu la convesation de l'entrée jusqu'au dessert sans faiblir ni endormir mon auditoire. Arrive le champagne. Ce beau Saint Cyrien déguaine son épée d'apparat et décide de sabrer le champagne. Normal. Si cela ne se fait pas dans ces cas là, cela ne se fera jamais ! Il parvient à ses fins au deuxième coup et offre le bouchon garni de sa collerette de verre à son épouse. Et bien non, il me l'offre à moi ! Colère de sa femme ! Et lui de répondre : "Toi, tu auras régulièrement l'occasion de l'avoir ce bouchon, elle non. Et ce n'est qu'un petit remerciement pour sa compagnie". Elle, rouge de colère, prend son époux par le bras et l'oblige à l'amener danser. Moi, fière comme tout, je range le bouchon dans ma pochette de bal et je m'eclipse aussi pour aller danser. C'est depuis ce jour là que je garde tous les bouchons de champagne marquant un fait important dans ma vie.
Il y a eu ainsi le bal du Pritané, de Salon de Provence etc... auquels je n'ai pas participé car, nous étions trop nombreuses pour être présentes à tous.
Nous étions donc prêtes à assurer notre vie hors des murs de l'internat. mais avant, il fallait passer en même temps les concours des écoles d'infirmières et le bac. Pour moi, cela allait car , en français (en 1ère) j'avais eu la moyenne et donc je partais avec zéro points d'avance mais avec zéro points de retard. C'était déjà un bon début.